J'ai testé: La Love Boutique

Hier matin, le téléphone sonne. La bouche empâtée, mon chéri répond avant de me passer le combiné. Je n'articule pas mieux, j'ai la voix caverneuse, mais je comprends ce que me dit ma copine Laeti: "On va à Easy Love pour voir, tu viens?".
15 heures: l'expédition (Laeti, Sab et moi) se met en route. Laeti au volant, la radio bloquée sur Virgin et Sab et moi aux choeurs.
Vingt minutes plus tard, la voiture est garée devant le bâtiment. 700 m2 consacrés à l'amour. Deux étages.
Je ne suis jamais entrée dans un sex-shop de ma vie, même pas celui qui est en bas,  dans la rue que tu tournes la première à gauche, coincé entre le bar et le magasin de déguisements et c'est là.

C'est donc ma première fois. Mettre mes lunettes de soleil? Un foulard à la Grace Kelly sur les cheveux et un imperméable? Que nenni, même pas peur, merci les copines, je vous suis.
Je m'attends à voir beaucoup de vêtements sexy et quelques joujoux. En fait, c'est plutôt l'inverse. L'ascenceur nous laisse au deuxième étage. Tout d'abord, ce qu'on voit, ce sont les robes. Une surtout. Une jolie robe à poids. Plutôt normal, rien de particulièrement sexy. 70 euros. Pardon??? Pour 10 euros, j'ai la même sur marché!
Il y a aussi les canards. Ceux qui ont de jolies couleurs girlie et de la moumoute autour du cou (des fois que ça s'enrhumerait en explorant des zones humides, ah merde, je l'ai écrit??).
On avance. Oh, des jeux de société! Sur une carte, je lis: "Demandez à votre partenaire de gauche d'ôter un vêtement." 2 joueurs et +. Ah? Cela ne se joue pas qu'en couple? Comment ça, "entre couples"??
Nous arrivons aux déguisements. Il y en a de jolis, j'admets. Bon, l'écolière et l'infirmière ça fait hyper cliché, sans parler de la combinaison de lapin et de Catwoman. Oh, des corsets!! Là c'est mon rayon! J'en suis dingue! Il y a tous les prix. Entre 20 et 80 euros.
On avance et ça devient franchement dégueulasse à mon goût. Des fauteuils où tu t'assois dessus et tu peux avoir des rapports sexuels avec un pénis en je ne sais pas quelle matière qui est incrusté dans ce même fauteuil. Des godemichés. Pour tous les goûts. Il y en a même à trois têtes!! Mais qu'est-ce qu'on fait avec tout cela??? Laeti est morte de rire, teste tout ce qui vibre sur sa main. Sab est au téléphone avec son chéri, qui a l'impression de déranger, quand tout haut je remarque que c'est très technique tout ça.

Un vendeur s'approche et demande si on cherche quelque chose. D'un même élan nous répondons que non merci, ça ira, on fait que regarder.
Nous arrivons... aux poupées gonflables. Je n'ai jamais rien vu de plus ignoble. Elles ont chacune un prénom, il y a le clone de Paris Hilton version russe et même une poupée obèse. Derrière, les films pornos. Ce sera sans moi.

Enfin, ça m'intéresse un peu plus: les huiles de massages. Qui se mangent. Un peu chimique quand même. Celles que quand tu souffles dessus ça fait chaud. On a perdu Laeti; je me retourne et la trouve avec une longue cravache à la main. Je la photographie: on dirait qu'elle tient une canne à pêche. Il y a des porte-clés en menottes. Sab souligne que ça doit être pour attacher son hamster!

Nous redescendons au premier étage. Vêtements, chaussures et lingerie, nous promet la pancarte. C'est vrai! Il y a de belles choses, pas forcément accessible niveau argent.
Si on paie 69 euros, un photographe peut faire des photos de nous dans de la lingerie et des poses suggestives et en faire un calendrier. Sab remarque: "Si ton mec est camionneur, c'est bien. Et puis pendant ce temps là, il mate pas des pétasses." Pas faux.
La lingerie est magnifique, chère aussi.  Je commence à essayer la casquette en cuir. Sab me suit. Je passe au chapeau. Laeti au corset, Sab enchaîne avec un loup (pas l'animal, hein, le masque). Les gens se scrutent entre eux.
Laeti me fait: "Pssst!". Elle me montre des trucs...euh...moyennâgeux? Des fauteuils avec des pics et des godemichés. Des choses de bondage et sadomasochistes. Je crois que je vais vomir. Laeti me montre un homme et me souffle: "Il regardait ça!".

La visite est finie. Tant mieux. Ce supermarché de l'amour est en fait un supermarché du sexe. Hormis les jolis vêtements et les huiles de massages, je n'ai pas compris. Je n'ai pas compris pourquoi les godemichés, les vibro, les films X et les accessoires SM sont démocratisés. Je n'ai pas compris pourquoi dans notre actuelle société il faut parler de sa sexualité, de son intimité, donc, pour être "in". Ce n'est pas moi. Et je n'ai pas envie de savoir quels sont les fétiches de mes copines.
Je ne pense pas que cela fasse de moi une coincée. Je ne veux juste en faire profiter qu'une personne: celui que j'aime.